Voilà deux mots souvent confondu et utilisé comme synonymes.
Cependant si tout les deux évoquent l'idée d'un manque, on sent bien intuitivement qu'ils parlent pas de la même chose. Qu'en est-il plus précisément ?
Les besoins font références à des manques fondamentaux qui peuvent être comblés. Ils ne souffrent que peu de délais et leurs satisfactions est nécessaire pour le bien être de chacun. Il peut s'agir de besoins corporels (boire, manger...) mais aussi psychiques et émotionnels (se sentir en sécurité, avoir le droit de s'exprimer...).
A l'inverse, les désirs ne sont pas comblables, ils ne pourront jamais être complètement satisfaits. Ce sont eux qui nous poussent à aller voir ce qu'il se passe derrière la colline puis la suivante et ainsi de suite indéfiniment.
Le désir plus important et dont découlent les autres est sans doute celui d'être aimé. C'est une quête partagée par tous même si elle s'exprime de façon très diverse. Avant même de naître l'enfant reçoit l'amour que lui porte sa mère, et il lui faudra du temps pour s'apercevoir que celle-ci ne peut pas être tout pour lui. De la même manière il est possible, surtout au début d'une relation amoureuse, d'imaginer que l'autre nous comble parfaitement, qu'enfin c'est notre âme sœur parfaite et que nous n'avons rien à attendre d'autre. Mais inévitablement, les défauts de l'autre finissent par se révéler (les nôtres aussi d'ailleurs!) et l'illusion s'efface, plus ou moins brutalement.
C'est cet insatisfaction qui pousse certaines personnes à multiplier les relations amoureuses, dans une quête vaine de reconnaissance et de soif d'être aimé parfaitement. Mon conjoint, ma famille, mon travail, ne me rendront jamais complètement heureux, aussi extraordinaires soit-ils.
Que faire de ces désirs alors ? Peut-être simplement commencer par reconnaître que ce sont des désirs justement, et qu'ils sont par impossible à combler. Inutile de se lancer dans des recherches éperdues de la relation parfaite, du mode de vie parfait, de la société parfaite...
Pour prendre un exemple simple, je peux avoir besoin d'un ordinateur: pour travailler, correspondre avec des amis, jouer... Mais aussi désirer -plus ou moins consciemment- avoir la machine la plus performante, l'écran le plus grand... Si je suis capable de faire cette distinction il m'est plus facile d'acheter la machine dont j'ai besoin, en fonction de mon budget, sans me laisser emporter par les nombreuses publicités rencontrées.
Ensuite, si l'on admet nos limitations et l'impossibilité d'être comblé et de combler totalement les autres; alors nous pouvons utiliser nos désirs pour nous épanouir et rendre le monde meilleur.
Les désirs sont nécessaires pour nous faire grandir et nous tirer vers l'avant. C'est grâce à eux que des gens se lancent dans des quêtes extraordinaires de voyages, d'inventions, de solidarités, de réconciliation... Plutôt que d'être esclave de mes désirs, je peux les mettre à mon service et au service de la société. En apprenant, en explorant, en essayant...
C'est aussi ce désir d'amour et d'absolu qui ouvre l'humain à Dieu. Toutes les civilisations ont développés une spiritualité, un besoin de transcendance qui s'est exprimé très diversement à travers le temps et les continents. Ce désir de plus grand que le visible, de plus fort que la mort, de plus durable que le monde... nous distingue bien plus des animaux que l’intelligence ou les sentiments. Par définition, seul Dieu est infini et peut donc combler nos désirs infinis.
Pour autant, désirs et besoins ne sont pas opposés, les uns ne sont pas moins nobles que les autres. Ils se complètent et interagissent merveilleusement bien ensemble. Ainsi, le désir de comprendre le monde qui m'entoure nécessitera la résolution d'un grand nombre de besoins (une alimentation correcte pour être en bonne santé, avoir accès à une éducation de qualité, pouvoir expérimenter et avoir le droit d'exprimer ses opinions, être libre de s'intéresser aux sujets que l'on souhaite, etc). Et d'autre part c'est parce-que les conditions matérielles, affectives, intellectuelles de ma vie sont suffisante que je peux prendre conscience de mon désir de comprendre le monde et le développer.
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