Comme nous l'avons vu, il existe des caractéristiques permettant de débusquer un saint autour de soi. Ces clefs permettent à chacun construire sa sainteté dans son époque et son lieu de vie.
Le pape François nous propose donc maintenant 5 qualités qu'un saint doit particulièrement développer au 21ᵉ siècle.
Notre époque, surtout dans la civilisation occidentale, est marquée par un pessimisme ambiant peu propice à la paix des cœurs. La consommation matérielle effrénée entraîne une pollution telle que certains commencent à mettre en doute la capacité de l'humanité à y survivre. Beaucoup de personnes déplorent l'égoïsme et la majorité silencieuse qui se laisse écraser par une minorité bruyante.
Certes, mais tout n'est pas si noir quand on fait l'effort de regarder pousser la forêt derrière l'arbre qui tombe. Et même s'il m'est impossible de changer le monde à la force de mes bras, ce n'est pas une raison pour ne pas contribuer à mon échelle !
Le pape François insiste ici sur 5 caractéristiques du saint dont la société actuelle a vraiment besoin. 5 qualités qu'un quotisaint devraient absolument avoir.
Douceur, patience, endurance
Le saint prend son ancrage sur Dieu. Nul besoin de s'appuyer sur ses propres forces en prenant les autres de haut. Le saint n'a pas un égo démesuré, car il sait que c'est Jésus qui lui donne l'assurance intérieure nécessaire.
Cette solidité lui permet de rester fidèle à ses engagements et d'agir avec douceur en toute circonstance. Dans un monde pressé et changeant, où les opinions se font et se défont à la vitesse de circulation des publications sur les réseaux sociaux... la patience et la fidélité sont des témoignages très forts. La constance dans le bien n'est pas si facile, mais elle est précieuse.
"La force intérieure qui est l’œuvre de la grâce nous préserve de la contagion de la violence qui envahit la vie sociale, car la grâce apaise la vanité et rend possible la douceur du cœur." (gaudate et exultate §116)
Certains oublient parfois leur bienséance et leur politesse lorsqu'ils sont derrière un volant. Mais le pire se cache derrière les écrans sur lesquels se banalisent diffamations et calomnies. Il n'est pas acceptable de s'en servir, même pour défendre une cause juste.
De temps en temps, il est nécessaire de savoir se taire devant les défauts des autres. Même si cela nous occasionne des humiliations. C'est le chemin que Jésus lui-même a emprunté.
Retour ↑Joie et sens de l'humour
Un saint n'est pas un type aigri, rempli de frustration envers la vie, regardant les "païens" prendre du bon temps tout en se flagellant !
"Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l'humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d'espérance." (gaudate et exultate §122)
Face à la négativité ambiante, l'espérance chrétienne est une bouffée d'oxygène. Il y a bien sûr des moments difficiles et la foi ne préserve pas des épreuves de la vie. Mais le saint sait que Jésus est vainqueur du mal, que rien ne peut détruire la joie qu'Il nous donne.
Le saint, c'est aussi celui qui peut dénouer par l'humour ou l'art, les peurs qui s'expriment sous forme de haine.
Gardons l'esprit souple et sachons nous contenter de peu. Laissons l'Esprit-Saint stimuler notre créativité et notre imagination pour créer des propositions solidaires inédites et inventer des histoires apaisantes pour les cœurs fatigués...
Tout comme la douceur, la joie est un fruit que l'on peut cultiver en laissant l'Esprit Saint agir en nous :
"Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi." Galates 5, v22-23
Audace et ferveur
La ferveur ce n'est pas le fait d'aller allumer des cierges ! C'est le courage apostolique. C'est oser répondre à l'appel du Seigneur malgré notre petitesse et proposer ce qui donne du sens à notre vie.
Nous devons savoir sortir de nos zones de confort. L'accoutumance au mal conduit à la lâcheté, mais le saint ne peut se résoudre à se taire devant une injustice. Il faut parfois un courage immense pour affronter la passivité ambiante. Jésus nous demande d'aller aux périphéries de nos habitudes, aux marges de la société : c'est là où l'on a le plus besoin de Lui.
"Nous avons besoin de l’impulsion de l’Esprit pour ne pas être paralysés par la peur et par le calcul, pour ne pas nous habituer à ne marcher que dans des périmètres sûrs. Souvenons-nous que ce qui est renfermé finit par sentir l’humidité et par nous rendre malades." (gaudate et exultate §133)
Le monde a besoin de la liberté que procure la confiance en Dieu. Parler de sa Foi et proposer de rencontrer Jésus à ceux qui ne le connaissent est une nécessité, un acte de charité. L'évangélisation n'est pas réservée à quelques missionnaires dans un lointain pays, c'est le devoir de tout chrétien !
"En effet, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !" 1 Corinthiens 9, v16
En communauté
Personne ne peut prétendre à la sainteté s'il est misanthrope ! L'isolement nous fait croire que tout nous est dû, incite à l'avarice et fait gonfler l'orgueil.
Cela ne signifie pas qu'il faille éviter à tout prix les moments de solitudes. Au contraire, ceux-ci sont essentiels à l'équilibre psychique, au repos, à la prière personnelle, etc. Il y a d'ailleurs certaines personnes qui fuient cette solitude bénéfique pour ne pas se retrouver face à elles-mêmes.
La sanctification est un chemin communautaire, fraternel. Que ce soit dans son foyer, sa famille, ses activités professionnelles, sa paroisse... restons vigilant à ce que personne ne se sente exclu et entraidons-nous à avancer vers Dieu. Le couple est par exemple un chemin de sanctification mutuel extraordinaire qui mériterait d'être mieux mis en valeur.
Il est important d'avoir quelques personnes à qui ouvrir son cœur. Des frères et sœurs en Christ qui peuvent nous soutenir et prier avec nous.
La vie fraternelle n'est pas toujours facile, et il arrive parfois de se sentir très seul tout en étant entouré de plein de gens.
Il peut exister des moments de communion spirituelle intenses, des expériences mystiques qui marquent durablement. Mais le plus souvent, la fraternité est faite de petits détails quotidiens. Jésus a montré l'exemple de cette attention aux petits détails de l'amour (le vin qui manque, une pièce perdue, de l'huile pour une lampe...).
"À l’opposé de la tendance à l’individualisme consumériste qui finit par nous isoler dans la quête du bien-être en marge des autres, notre chemin de sanctification ne peut se lasser de nous identifier à ce désir de Jésus : « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi." (gaudate et exultate §146)
En prière constante
Enfin, le Pape François insiste sur la vie de prière. Prier, ce n'est pas nécessairement passer de longues heures à méditer la bible ou multiplier les offices religieux. La prière, c'est une conversation avec Dieu, une ouverture du cœur à sa Parole.
Il faut prier sans cesse ! Dans les activités quotidiennes, les pensées et les attitudes doivent rester ouvertes à la présence de Dieu. Il faut également des moments privilégiés, de cœur à cœur avec le Seigneur. Ces deux manières de prier se complètent et font grandir la relation d'amour que Dieu nous propose avec Lui.
Prier ne signifie pas s'évader du monde, s'affranchir de la réalité et des problématiques du moment. Par la prière, Dieu peut nous aider à construire une mémoire reconnaissante de Sa présence dans notre vie.
"Certains, par préjugés spiritualistes, croient que la prière devrait être une pure contemplation de Dieu, sans distractions, comme si les noms et les visages des frères étaient une perturbation à éviter." (gaudate et exultate §154)
Concrètement, la prière peut revêtir de nombreuses formes : méditation biblique, louange chantée, célébration liturgique, adoration eucharistique, intercession communautaire... La tradition de l'Église est très riche et mérite d'être explorée. Il est parfois nécessaire de prendre du temps pour comprendre la beauté d'une manière de prier qui nous semble trop étrange, mais chacun peut trouver ce dont il a besoin.
Conclusion
Ces 5 caractéristiques ne sont bien évidement pas les seules nécessaires et les moyens de sanctifications décrits dans ce chapitre sont loin d'être exhaustifs.
Je vous encourage à lire ce chapitre de l'encyclique directement et surtout à mettre en pratique ces cinq qualités dans votre quotidien de quotisaint !
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les fruits de l'Esprit, je vous recommande aussi cet enseignement très simple disponible sur le site des églises de Bayeux et Lisieux.
Et pour les amateurs de livre audio, j'ai trouvé cette playlist de l'encyclique.