Voici le neuvième et dernier (pour le moment) épisode de la série des quotisaints. Nous arrivons à la fin de l'encyclique Gaudete et Exultate du pape François.
Pour lire le premier épisode cliquez ici.
Beaucoup de grands saints, en particulier saint Ignace de Loyola, ont approfondi ce thème du discernement spirituel et ont insisté sur sa nécessité.
Le pape François, dans cette encyclique, s'inscrit donc dans cette longue tradition de l'Église. Face au zapping permanent de notre société, le pontife insiste sur la nécessité du discernement spirituel. Nous sommes constamment sollicités par des milliers de propositions en tout genre, plus ou moins bienveillantes, et les repères nous manquent pour ne pas nous laisser égarer par les tentations (cf épisode précédent sur le combat spirituel).
Retour ↑À quoi sert le discernement spirituel ?
Savoir discerner, c'est être en capacité de distinguer si une chose vient de Dieu, du diable ou du monde. Et parfois la confusion est facile. Nous demandons donc à Dieu son aide pour écarter les fausses pistes et grandir dans le projet d'amour qu'il veut nous proposer.
Souvent, lorsque l'on évoque la notion de discernement, on pense à "faire un choix vocationnel" ou "prendre une décision difficile". Et effectivement, le discernement permet d'éclairer les grandes décisions de la vie (orientation professionnelle, engagement avec son conjoint...).
Mais cela concerne aussi notre quotidien : c'est une boussole permettant de suivre le Seigneur chaque jour, soit exactement ce que recherche un quotisaint ! Aucun domaine de notre vie n'est inintéressant aux yeux du Seigneur.
Précisons également que le discernement n'est pas une manière de choisir entre le bien et le mal ! Si une voie est mauvaise, il n'y a pas à discerner : il suffit de ne pas la prendre. Ce dont nous avons besoin, c'est plutôt de se décider entre plusieurs directions qui nous semblent bonnes.
D'abord une grâce à demander
Ce qui distingue le discernement spirituel d'une introspection psychologique ou d'une bonne méthode pour prendre ses décisions, c'est qu'il s'agit d'un don que l'on peut demander à Dieu.
Si nous le demandons avec confiance au Saint-Esprit, et que nous nous efforçons en même temps de le développer par la prière, la réflexion, la lecture et le bon conseil, nous pourrons sûrement grandir dans cette capacité spirituelle.(gaudate et exultate §167)
Il ne sert à rien de tout connaitre si l'on ne reçoit pas ces connaissances avec l'ouverture du cœur nécessaire. Chacun de nous est unique et Dieu a un projet personnel pour chacun. Reproduire simplement des recettes toutes prêtes est certes moins fatigant intellectuellement, mais ne me permettra pas d'accomplir ma vocation particulière.
Le discernement ce n'est pas se demander : "Que dois-je faire pour faire bien/avoir bonne conscience/être utile… ?" Mais plutôt "Quel est le projet unique d'amour que Dieu me propose ? Quel est le sens de ma vie/ma mission de baptisé ?"
Si je suis à ma place, ma joie va rayonner et rendre le monde plus beau autour de moi.
Le discernement spirituel n'est donc pas réservé à une élite intellectuelle capable de haute réflexion, ce qui reviendrait à en faire une gnose. Il s'adresse à tous, dans tous les états de vie.
Accepter de se rendre disponible
Profitons-en pour éclaircir un point source de bien des confusions : la méditation et la prière sont deux choses différentes. Dans les deux cas, le silence est souvent un préalable permettant de se poser. Mais si la première cherche à aller au fond de soi pour mieux se connaitre et trouver le calme, dans la prière, c'est vers Dieu que l'on se tourne.
Savoir s'arrêter de temps en temps dans la prière est indispensable. Faire silence, ce n'est pas juste s'arrêter de parler quelques minutes. C'est une disposition, une disponibilité intérieure, indispensable pour entendre Dieu me parler. Je ne peux accueillir les propositions du Seigneur si je lui coupe la parole en permanence par mes questions ou mes reproches.
Parfois, il peut arriver que tout aille bien, nous avons une belle vie, de belles missions... et nous fermons la porte aux propositions du Seigneur qui pourraient venir bouleverser cet équilibre. Or, n'oublions pas que Dieu ne veut que notre bien, et notre immobilisme l'empêche donc de nous offrir plus. Être disponible, c'est donc aussi être capable de renoncer à ce que nous avons pour recevoir plus grand !
Seul celui qui est disposé à écouter possède la liberté pour renoncer à son propre point de vue partiel ou insuffisant, à ses habitudes, à ses schémas. De la sorte, il est vraiment disponible pour accueillir un appel qui brise ses sécurités, mais qui le conduit à une vie meilleure, car il ne suffit pas que tout aille bien, que tout soit tranquille... (gaudate et exultate §172)
Comment discerner concrètement ?
Comme nous l'avons vu précédemment, la première chose à faire est de se poser devant le Seigneur et de lui demander son éclairage. En lui présentant avec confiance et sincérité nos interrogations, nous nous rendons disponibles pour remarquer les signes qu'il nous fera.
Le discernement spirituel nécessite bien évidemment des qualités humaines et intellectuelles (sens commun, capacité de raisonnement...). On peut donc lire les témoignages de ceux qui sont passés par les mêmes interrogations avant nous (dans la Bible et les vies de saints) et étudier les enseignements de l'église pour nourrir notre réflexion.
L'obéissance à l'Évangile et la fidélité à l'Église, sans rigidité, sont de bons guides. Dans cette optique, l'accompagnement par un directeur spirituel (une vieille tradition également) permet un soutien spirituel et un regard d'aîné qui viendra mettre en évidence les passages de Dieu dans notre vie.
Dieu parle aussi par les événements et les rencontres. Un inconnu croisé lors d'un voyage pourra peut-être me conduire à changer de point de vue sur ce qui nous semblait si hermétique. Ou bien, telle chanson, entendue à la radio, ne m'a-t-elle pas rappelée cet événement oublié et influençant aujourd'hui mon caractère ?
Ayons aussi de la patience : parfois Dieu ne nous répond pas aussi vite qu'on le souhaiterait, ou en tout cas pas de la manière dont nous, nous aimerions. Et lorsque l'on est en proie à des décisions complexes, cela peut être ressenti comme une vraie torture.
Mais de temps en temps aussi, lorsque l'on relit sa vie, on s'aperçoit qu'il nous a secourus sans que nous soyons capables de nous en apercevoir sur le moment. Nous n'aurons sans doute pas toutes les réponses à nos questions dans cette vie.
Pour conclure :
Comme nous l'avons vu à la lecture de cette encyclique du pape François sur la sainteté, devenir saint devrait être l'ambition de tous. Il n'y a pas deux saintetés identiques, car chacun de nous est unique. Dieu nous invite à grandir librement chaque jour dans son amour.
Nous pouvons nous inspirer de ceux qui nous ont précédé au cours de l'histoire, mais nous ne devons pas nous y comparer. Les autres sont une source d'émulation et non de compétition vers la perfection.
Nul besoin de faire de grandes choses aux yeux du monde, c'est d'abord dans notre quotidien que Dieu nous appelle. Soyons donc des quotisaints disponibles pour les missions qu'il nous confiera, selon nos capacités et nos états de vies propres !
D'autres sujets auraient pu être abordés dans cette série même s'ils ne sont pas présents dans le texte qui nous a servi de référence. Par exemple sur les saints qui sont officiellement reconnus par l'Église (ceux du calendrier). Nous y reviendrons peut-être un jour si le sujet vous intéresse.
Enfin, j'insisterai sur un dernier point en citant le pape : n'ayons pas peur d'être généreux avec Dieu ! Il ne souhaite que notre bonheur et veut construire une relation personnelle avec chacun de nous.
Lui qui demande tout donne également tout, et il ne veut pas entrer en nous pour mutiler ou affaiblir, mais pour porter à la plénitude.(gaudate et exultate §175)
Je nous souhaite à tous un beau chemin vers la sainteté !